Sunday, January 29, 2017

La longue route de Providencia au Rio Dulce

Avant de s'engager sur cette route classique Colombie-Panama/Belize-USA, nous avons échangé avec de nombreux équipages de bateaux ayant déjà navigué dans cette zone. Certains choisissent de couper au plus court en passant près des côtes et en traversant les cayos du Nicaragua (environ 350nm. Notre voisin à Providencia la prendra). Nous avons opté pour la deuxième voie: route longue par le large (plus de 400nm à plus de 70nm des côtes ).

Nous avons choisi au départ de Providencia des conditions de fin de dépression à savoir houle de 2.5m et vent 20/25 nds rafales 30.
L' objectif étant de passer la côte du Nicaragua au large, vite et de nuit.
Chose que nous avons faite, puisque au Check Point à 24h, Ti'Amaraa avait parcouru plus de 175 nm à 50° du vent dans une mer de travers. Nous étions donc au Honduras au petit matin. 
Notre route large correspond au ''rail'' montant et descendant des cargos. La plus sûre, celle sur la quelle on ne risque normalement pas grand chose. Malheureusement, tout cela ne nous a pas empêché de faire une mauvaise rencontre chemin faisant. Le risque zéro n'existe pas. Ce n'était pas notre jour de chance...
3 lanchas, 13 êtres dénués de toute humanité qui piétineront nos coussins, nos coeurs, notre vie.
Nous laissant seuls avec la colère de l’impuissance.
Les dauphins virevoltant et les cachalots majestueux croisés plus tard sur cette mer turquoise n'auront pas réussi à nous rendre notre innocence et notre joie de vivre. C'est épuisés et brisés que nous posons notre ancre le lendemain soir sur les îlots de Guanaja, le flot de nos émotions contenu derrière un mur fraîchement bâti avec le ciment de la douleur des victimes d'une agression violente. 
Voulant préserver au maximum nos proches,  nous sommes tiraillés entre se taire et extérioriser. Nous finirons par opter pour une communication minimisée, rassurante, banalisée.  Trop peut être...  Ils absorbent notre stress par procuration avec leurs coeurs éponges. La distance n'arrange rien aux angoisses. On ne peut les en blâmer. 
Mais, qu'il est difficile de quelque côté que l'on se trouve en situation de crise, de composer avec les émotions de chacun lorsque vous êtes loin et que vous êtes vous même perdus dans le tourbillon de vos sentiments. 
Tout cela, associé à un véritable tsun-Ami de tendres messages internationaux aura raison de nos barrages. L'un comme l'autre avec son timing, ses maux et ses mots ouvrira les vannes libératrices des fortifications de son coeur.

Un Grand Merci à vous TOUS !!!

Aaah la subtilité du concept concerné/impliqué très justement imagé par l'omelette aux lardons...La poule est concernée, le cochon est impliqué, mais nous sommes tous dans le même plat. Il est bon de sentir que notre tribu se sent concernée, même si ça nous aide, cela nous blesse encore plus de leur avoir imposé cette mésaventure.

Et puis, il y a eu la rencontre: Éliane et Laurent, navigateurs suisses ayant posés sacs à terre depuis des années à Guanaja après treize belles années de vagabondage nautique.
Ayant appris notre agression, ils n'ont pas hésité à venir spontanément à nous au mouillage, à ouvrir grand les portes de leur maison et de leur amitié pour nous faire sortir de notre huis-clos de sinistrose. 
Ils nous auront permis de refaire du carré de Ti'Amaraa un espace social convial où les éclats de rire ont remplacé ceux de voix, les lames de fond de générosité et gentillesse celle des couteaux. 
Un très grand Merci à vous deux !!! 
Nous étions en miettes, vous nous avez aidé à nous reconstruire. 
À l'heure des aurevoirs difficiles, et d'un nouvel horizon à atteindre, les questions se bousculent. Mais comme après une chute de cheval, il faut repartir. Vite! 
C'est ce que nous avons fait toujours par le large. Portés au 180° sous Parasailor, nos angoisses se sont doucement évaporées, le plaisir et le bonheur d'être sur l'eau ensemble ne se volent pas.
De jour, puis sous la lueur réconfortante des lointaines étoiles scintillantes de la voûte céleste, le vent portant s'est fait porteur. La mer conciliante nous a déroulé son tapis polarisé sans écume pour faciliter l'accès à notre destination. Tout est calme, serein... Comme apaisé. Nous réapprenons patiemment à ne plus craindre l'horizon. La meilleure des thérapies!



À l'approche des îles Sapodilla du Sud Belize, nous n'arrivons pas à nous arrêter.  25 nm seulement les séparent de la côte du Honduras.  C'est certainement idiot. Il n'y a, semble-t-il,  jamais eu de problème. Mais c'est au dessus de nos forces. 
Tant pis, bien que l'heure tourne, nous voulons avancer vers notre destination Rio Dulce Guatemala. 
Lorsque nous entrons dans la baie d'Amatique, le soleil décline vite. Nous ne pouvons continuer et arriver de nuit à Livingston. Trop compliqué,  trop dangereux.  Nous mouillons donc à l'entrée de la baie à la Punta de Manabique. L'endroit est désert: quelques maisons à terre, une jolie plage, des barques de pêcheurs qui rentrent chez eux sans même nous calculer. Nous en avons fait plein des nuits seuls dans des endroits isolés. Le Mal n'est pas partout. La quiétude de la nuit et les dauphins à nos jupes au petit déjeuner auront raison de nos dernières angoisses.

Let's go! 
Cap sur Livingston et le Rio Dulce après maintes et maintes aventures.


Le radio tam-tam savamment orchestré par nos amis nous ayant précédé,  nous sommes accueillis chaleureusement par des équipages français. 
Et c'est autour d'un réconfortant barbecue que nous tournerons définitivement la page.
Merci à tous!!! 



Le voyage de Ti'Amaraa continue...avec un équipage déterminé. 
L'amour qui nous unit nous aura permis de gérer et nous aidera à dépasser cette nouvelle épreuve. Nous avons encore une fois appris et grandi main dans la main.
Le fort soutien indéfectible de notre famille, nos amis à terre et de notre famille de la mer a fait le reste. Merci. On vous aime.

Ce qui nous lie à notre Ti'Amaraa était déjà fort. À présent, il est indéfectible. 

Peace and Love,

Nous dédions cet article à ce Capitaine de cargo qui répondra à nos appels, qui, à deux reprises, se détournera pour essayer de mettre en fuite nos assaillants et qui fera tout son possible en live pour informer les autorités et nous aider. Sa voix dans les haut-parleurs de notre VHF restera à jamais le symbole de la belle solidarité des gens de mer.
Merci CAPITAINE. 

Thursday, January 19, 2017

La chlorophylle: un remède contre tant de maux!

La chlorophylle est l'un de mes meilleurs compléments naturels.


la chlorophylle, un remède pour l'estomac, intestins, foie, pancréas, rein, métaux lourds


Aussi, je voudrais vous parler de la chlorophylle en détail :

Qu'est-ce que la chlorophylle?
En quoi la chlorophylle peut vous aider?
Où pouvez-vous trouver de la chlorophylle?

Je vous explique tout cela dans la suite de ce post :

    Monday, January 9, 2017

    Mes vœux pour 2017

    Carte Quiet Boy Studio pour Trader Joe's
    Après une semaine passée à me creuser la tête (je fais classique ou original ? Sérieux ou amusant ?), je suis venue vous présenter mes vœux pour 2017 : je vous souhaite plein de bonnes choses, comme la santé, l'amour et la prospérité ainsi que des lunch boxes qui se font toutes seules, puisqu'on y est.

    En réalité, ce que je vous souhaite en 2017, c'est d'aller à la rencontre de vous-même. Ce n'est pas un chemin facile. Il est sinueux, rempli d'embûches et de mirages. La tentation sera grande de prendre les rêves des autres pour les vôtres mais il n'y a que vous pour découvrir qui vous êtes. Alors allez-y. Soyez déraisonnable. Ecoutez votre cœur. Séchez vos larmes. Allez là où vous conduit la peur.

    Si je vous souhaite ça, c'est parce que moi, je veux vivre comme ça. Mais vous savez quoi ? J'ai peur. J'ai peur parce que je sais ce qui m'attend. Les faux départs. Les déceptions. La fatigue. Le ridicule. Les regards de l'entourage ("mais c'est quoi exactement ton travail ?") Combien de projets ai-je commencés sans finir ? Combien n'ai-je pas le courage d'aboutir ? C'est tellement plus facile de rester sur place. Le problème, c'est que c'est aussi beaucoup plus ennuyeux.

    Cet hiver, pendant les vacances des enfants, j'ai fait une pause pour reprendre mes forces. Entre deux visites au musée, j'ai pris une grande respiration et décidé que cette année, je vais concrétiser mon rêve de créer un "Journal de bord gourmand aux Etats-Unis".

    Ce journal, je l'imagine comme un compagnon de bord de mon Guide de survie alimentaire aux Etats-Unis. Je vais pouvoir en rendre l'intention - celle de sortir des sentiers battus - beaucoup plus explicite. Au fil des pages, on trouvera des invitations à vivre son expérience américaine avec humour, courage et gourmandise. On pourra y consigner ses souvenirs, les bonnes comme les mauvaises surprises (il y aura des pages réservées à ses frustrations) ainsi que ces petites choses d'apparence anodines mais remplies de sens. Un ticket de caisse de restaurant (votre premier repas aux US). Une carte de visite (votre restaurant à sushi préféré). Une recette de cuisine, offerte par un voisin ou une collègue (des cookies, par exemple). A chacun de retracer son parcours.

    Concrétiser un projet de cette nature, c'est tout une succession d'étapes à accomplir : identifier un.e graphiste, une imprimerie, raturer une dizaine de brouillons, téléphoner à ses lectrices (et quelques lecteurs) pour confirmer qu'il s'agit d'une bonne idée, demander son avis à Jonathan, rassembler des devis, choisir ses prestataires, donner le coup d'envoi de l'impression, récupérer des cartons en espérant ne pas trouver de coquilles, humer le papier neuf et sourire, enfin. Et puis, ensuite, la magie de la première commande.

    Il faut avoir le cœur bien accroché mais vous savez quoi ?

    J'adore ça.

    J'ai toujours aussi peur (ma mère aussi, croyez-moi) mais, maintenant que je vous ai confié mon projet, je ne peux plus reculer.

    Alors, prêt.e.s à avoir peur ensemble ?

    PS : au fait, un carnet de recettes aux pages blanches mais à la couverture assortie au journal, ça vous dit ?

    PPS : faire partie des testeurs du journal, ça vous dit ?

    Saturday, January 7, 2017

    Les chemins de travers(e)

    Alors que nous étions à quelques miles nautiques au portant du Panama et de son célèbre archipel des San Blas, nous avons choisi une autre option.
    Panama attendra la prochaine saison cyclonique. Nous n'en avons pas fini avec la mer des Caraïbes.
    Ou plutôt n'est ce pas elle qui n'en a pas fini avec nous ?

    Il a fallu attendre plusieurs semaines avant de trouver un créneau météo acceptable pour prendre cette gente Dame de travers.
    Il ne faut pas perdre de vue que nous traversons au fond de la mer des Caraïbes. Le vent a quelques milliers de kilomètres d’élan sur l'océan. Il a eu aussi le loisir de rebondir en s'amplifiant sur les fameux caps colombiens en levant une houle complice. Nous aurons une bonne première centaine de miles chaotiques à traverser.(environ 200km).

    Ti'Amaraa s'est alors élancé pour tracer son sillon à 90° de la houle et du vent sur près de 400 nm. Pas le temps de traîner car un coup de nord est annoncé sous 5 jours.
    Toute la première après-midi, notre voile Turbo le code zéro fait des merveilles. Le vent et la houle sont modérés. Ce n'est qu'à la tombée de la nuit, comme prévu, que Miss Caraïbe s'éveille et rapidement nous précise qu'elle n'aime pas du tout les petits navires sur les chemins de travers(e).
    Quelle nuit !!! On s'y attendait, on n'a pas été déçus.

    Sous GV et Génois, on file à plus de 9 nds. Les conditions à bord sont assez inconfortables. La houle s'est levée, le vent forcit. Grâce à notre vitesse, on s'évite le pire mais ça bouge. Le ravito du soir se rapproche plus du club sandwich que d'un dîner. Les quarts se mettent en place dès 19h30, harnachés dans nos gilets car on pressent que la nuit va être longue. Toutes les deux heures, nous aurons le choix à tour de rôle entre essayer de dormir sur un manège de fête foraine bruyant, ou essayer de se trouver un trou de souris calé pour veiller à l'affût des moindres bruits. La mâture siffle lorsque l'anémomètre dépasse les 35 nds.
    Chaque déplacement doit faire preuve de beaucoup d'attention.
    À bord c'est un peu comme si on avait téléchargé l'appli Orangina.
    Mais si, vous la connaissez. Ce jeu de réalité (pas virtuelle) :
    Secouez moi, Secouez moi....
    Pas de soucis de pulpe sur Ti'Amaraa. On est brassés dans tous les sens. Nous nous mouvons avec l'agilité et l'élégance d'un pilier de bar à l'heure de la fermeture.

    Au petit matin, nous ne sommes pas frais. Le bon côté des choses c'est que l'on a avancé. Au ''Check Point" à 24h, nous avons déjà parcouru la quasi moitié de la route : plus de 190 nm! C'est la première fois que nous vivons une telle nuit, et une telle moyenne.
    D'après nos fichiers gribs, la tendance est à la baisse en milieu de matinée. Nous sommes largement en avance sur nos prévisions et même sur le routage Sailgrib. Cool...la troisième nuit sera peut-être au mouillage du coup.
    Ragaillardis par une houle qui diminue et passe (enfin) 3/4 arrière, la vie reprend un cours normal à bord. On remet un peu d'ordre là où la veille nous n'avions ni la possibilité, ni l'envie de le faire... C'est sans compter sur la Miss qui n'a décidément pas apprécié notre intrusion.
    En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, nous recevons une véritable gifle. Elles sont bodybuildées les vagues dans le coin ! Nous n'avons rien vu venir. La Dame ne s'est pas mis de gants pour nous décocher un uppercut sur tribord d'une force jamais rencontrée auparavant.
    Ti'Amaraa sursaute. Il lui faudra plusieurs vagues de rebond pour reprendre sa route. Il en faut plus pour mettre KO notre valeureux petit cata.
    À bord, tout a tremblé, à commencer par l'équipage qui est heureux de trouver les mains courantes et fargues là où ils les attendent.
    Pas de bobo. Pas de casse.Super !
    Le seul a avoir été mis KO est not' pov' Léon. On le retrouve réfugié sous la table du carré. En 8000 nm, c'est la première fois qu'il réalise un tel vol plané.
    Bilan de l'opération: une branche cassée. Ouchhh...
    On préfère tout de même que ce soit lui que nous. C'est pas facile la vie d'un bonsaï navigateur. Ça y est il est balafré tel les flibustiers d'une autre époque. Et si on lui faisait une branche de bois ??
    (Bon ok, elle est moyenne)

    Petit à petit, le vent et la houle redeviennent, conformément aux prévisions, très gérables. Finies les baffes, Dame Nature nous laisse passer.
    Le Code Zéro est renvoyé. La deuxième journée peut continuer bon train. Le cap rapide nous dirige sur Providencia. Vendu. On va pas faire les difficiles. Tant pis pour San Andres.

    À l'heure des douches et du vrai dîner, les projections affichent une arrivée de jour le lendemain après-midi. Les éléments sont stables on laisse le Code Zéro en place pour la nuit qui sera douce. Le vent non rafaleux mollit un peu mais nous conservons une bonne allure.
    Check point à 48h : 365 nm soit 175 sur la seconde journée.
    Il ne nous reste plus qu'une poignée de miles. Nous apercevons déjà la ligne de Providencia à l'horizon. Il est 13h. C'est gagné nous serons installés au mouillage pour une nuit de repos bien méritée tant pour les Hommes que pour le matériel et les plantes.

    PS : À l'attention de notre coach préféré:
    Un trail de 800 km à 16km/h en 52h, ça compte dans notre ''training'' fiche ?
    Côté dénivelé, si on comptabilise sur 52 heures, des creux de 2,5m toutes les 10 secondes, on est monté plus haut que l'Everest...et descendu aussi.
    Quand on te dit que c'est du sport.